Le Coronavirus et son impact sur nos relations et notre culture

Le Coronavirus et son impact sur nos relations et notre culture

L’Être Humain est un être social et encore plus dans notre culture Arabo-musulmane, et plus encore dans notre « Tunisianité » qui est plus spécifique, et où le contact humain, la convivialité font partie de notre équilibre. 

C’est-à-dire que le Tunisien, la Tunisienne, en général prend du plaisir autour d’un café, en s’embrassant, en chantant ensemble, en dansant, on est beaucoup dans la proximité, on est très tactiles.

Je me rappelle qu’au début lorsque l’on était obligé de ne plus se rapprocher des autres, de ne plus pouvoir s’embrasser ce fut un changement profond puisqu’à la base dans notre culture on mangeait dans un même plat, on partageait ensemble. 

Cela a été pour nos ancêtres un apprentissage du sens du partage, celui de l’amour, de la solidarité de l’entraide. 

Il y avait même une certaine écoute intelligente à travers le comportement, c’est à dire, qu’en se regardant on comprenait si on allait continuer à manger ou si on allait laisser la part à quelqu’un qui était autour de la table qui en avait plus besoin, un enfant, une personne fragile, une personne âgée. 

C’était quelque chose qui permettait de développer des compétences humaines extraordinaires. Après bien sûr on ne mangeait plus dans le même plat, mais on continue à être dans le partage, notamment lorsque l’on va au restaurant en mettant des plats au milieu, par exemple.

Pour dire à quel point cette proximité est importante, et ancrée dans notre culture.

Au départ on ne se rendait pas compte de l’impact que ce changement sur nous, mais c’est en vivant cette frustration, de ne pas pouvoir partager de manière aussi proche qu’à l’accoutumée.  C’est ce qui explique que nous ne sommes pas réellement conscients du danger qu’on encourrait, et auquel on exposait nos proches en ne respectant pas les gestes barrières et la distanciation sociale. 

Quand on parle de gestes barrières il s’agit d’une limite d’un obstacle, qu’il est difficile à accepter psychologiquement chez nous, particulièrement. Effectivement la Covid a été très dure pour les tunisiens, on ne se rendait même pas compte qu’on ne respectait pas des règles qui étaient indispensables pour nous protéger et protéger nos proches.

Il y avait une certaine confusion entre le fait de se protéger en se rapprochant ou en s’éloignant les uns des autres. 

Parce que pour nous, protéger c’est se rapprocher, sur tous les plans, je pense que la plus grande complexité de notre approche à la Covid a résidé en ce fait là. 

Ce qui a surtout manqué c’est la résilience qui est, à mon sens, mal perçue : en effet, la résilience n’est pas seulement résister et faire face ponctuellement mais c’est aussi et surtout un processus qui permet de rebondir et développer de nouvelles stratégies pour se reconstruire et même recréer de nouveaux chemins suite à des crises.



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