Je suis en train de faire des missions durant lesquelles j’accompagne des femmes qui sont dans différents secteurs d’activité. Cette semaine, j’ai vu des femmes qui travaillent dans l’administration tunisienne dans les régions (Médenine, Sfax et le Kef). Et vous le savez, plus on s’éloigne de la capitale Tunis, la mentalité par rapport à la forme devient plus ou moins limitante pour une femme responsable qui prend des décisions.

S’imposer en tant que femme à un poste de cadre

Ce sont des femmes cadres dans les structures régionales des ministères (Ministère de la santé, ministère de la femme, ministère des affaires sociales…). Elles sont en première ligne et très souvent elles ne sont pas prises au sérieux.

Une contrôleuse des finances, qui va dans un souk et trouve des gens qui sont dans l’illégalité, a du mal à s’imposer de peur que ça n’en vienne aux mains. Elle ne peut pas s’imposer par le seul fait qu’elle soit la représentante du ministère des finances.

Le titre légitimé par l’attitude : Asseoir son leadership tout en restant femme

Au fur et à mesure des discussions autour de ça, elles se rendent compte que ce qui leur manque n’est pas le titre mais l’attitude adéquate. Comme ce sont des femmes qui ont évolué dans une certaine mentalité et un environnement conservateur, elles se sentiraient presque illégitimes d’être ferme et d’être autoritaire et se sentent obligées de prendre une posture masculine.

C’est exactement sur quoi on travaille : On leur apprend à asseoir leur Leadership tout en gardant ses caractéristiques de femme, à inspirer et influencer par une bonne communication et par un cadre très clair et non pas par la violence.

Elles ne voient pas très vite que c’est aussi clair : je els accompagne en mode questionnement pour qu’elles conscientisent qu’elles sont dans un poste et en tant que femme elles sont capables de se montrer fermes loin de l’agressivité et de la violence.

Elles ont fait le lien avec le cadre familial dans lequel elles gèrent le budget, les enfants, le mari en adoptant différents styles de gestion. Considérant leurs postes comme propres aux hommes, elles oublient ce qu’elles arrivent à faire et pensent devoir développer un côté viril voire violent associé à l’image de l’homme pour pouvoir s’affirmer. C’est très intéressant de les voir en prendre conscience et qu’elles reprennent confiance en elles. Elles réalisent que ce n’est pas chose facile et que cela leur demande une réelle introspection, un travail en profondeur sur elles-mêmes.