Ethique et Ramadan

Ethique et Ramadan

Le Ramadan n’est pas qu’une période de privation, c’est bien plus que ça…

De par ma perception et de ma propre relation avec le mois de Ramadan, je vois Ramadan comme un mois durant lequel on est appelé à faire des privations personnelles par rapport à tout ce qu’on peut apprécier dans la vie mais aussi par rapport à tout ce qui va à l’encontre des valeurs comme la médisance, l’arrogance, le manque de respect et la violence.

Selon moi, il s’agit plus d’un jeûne comportemental plutôt qu’un jeûne alimentaire.

Ce jeûne s’apparente au processus d’apprentissage qui consiste à se débarrasser d’une habitude en la remplaçant par une nouvelle. Ce processus possède un cycle de 

21 jours ; ce qui correspond au cycle du renouvellement cellulaire dans le corps. Je fais également le lien avec le Ramadan qui dure 30 jours qui peuvent nous permettre d’améliorer notre comportement en étant plus respectueux de l’humain d’une manière générale… 

Mais cette privation nous permet de centrer notre attention sur nous-mêmes et notre comportement d’abord et ensuite sur l’autre.

Le Ramadan est, en apparence, une privation de manger et de boire. Mais cette privation nous permet de centrer notre attention sur nous-mêmes et notre comportement d’abord et ensuite sur l’autre. Le fait de ressentir les privations qui d’habitude sont absentes, peut éventuellement avec une certaine maturité spirituelle nous permettre de ressentir ce que ressentent les plus démunis.

Cela va nous amener à comprendre cela et à être plus compatissants. En même temps, cette manière de comprendre et d’être empathique par rapport à ces personnes-là, va nous amener vers le partage vers l’altruisme. Cela nous rendrait donc  plus sensible aux besoins, aux douleurs et aux souffrances d’autrui. Nous serons plus centrés sur les valeurs humaines.

Mes réflexions sur le jeûne pendant le mois de Ramadan se font sur deux niveaux : le premier est à la fois le fait de comprendre un petit peu les besoins, les souffrances et la nécessité des autres mais aussi d’être compatissant et être empathique et être dans une relation d’aide par rapport à ces personnes défavorisées. Le deuxième  niveau serait une recherche des raisons du déclin moral de la société. Par exemple,  le vol est immoral mais certaines personnes s’y retrouvent contraintes car elles n’arrivent pas à subvenir à leurs besoins les plus primaires. 

Comment expliquer que durant le mois saint de Ramadan on se retrouve face à des comportements extrêmes ? 

C’est plutôt culturel. En effet, un mois saint c’est censé être un mois de recueillement,  un mois de réflexion. Or dans la culture tunisienne, le Ramadan rime avec manger le plus possible et être dans l’opulence. 

Je pense que c’est un manque de maturité et de recul. Généralement, on agit sans prendre le temps de réfléchir. Chez nous en Tunisie, la religion n’est pas décidée. C’est une religion imposée. Personnellement, j’ai un petit problème avec cela parce que de toutes les façons. Il y a toujours l’éducation silencieuse qui traduit un comportement relativement similaire des parents et des enfants. Il est important aujourd’hui qu’on réfléchisse autrement sur cette religion. Il faut qu’on réfléchisse sur comment accompagner et aider nos enfants à adopter, à accepter, à comprendre voire même à vouloir être Musulman.

Le fait de réfléchir, d’aller au fin fond de soi, vers ses croyances, de se poser les bonnes questions nous permet d’accepter de manière intrinsèque notre religion. Pour en revenir au mois de Ramadan, après cette réflexion, on le fait par conviction et non par obligation.  Si on demandait à des personnes dans la moyenne d’âge pour quelles raisons est-ce qu’elles font Ramadan, on serait étonné par les réponses. C’est ce qui explique le comportement des gens qui dépensent plus que ce qu’ils ont, qui gaspillent la nourriture.  

Pour en conclure,  le problème que connaît notre société tunisienne avec le mois de Ramadan est un manque de conviction chez les personnes. C’est ce qui engendre les comportements immoraux que nous observons aujourd’hui. 

Est-ce qu’une communication au travers des raisons de faire ce jeûne pourrait aider et avoir un impact ? 

Oui, absolument. Si on lançait un débat sur le sujet, on pourrait discuter de la question de façon beaucoup plus approfondie. On pourrait notamment revoir le contenu du cours d’éducation religieuse qu’on enseigne à l’école.  

Je pense que le sujet est à prendre dès la racine. C’est à partir de l’école qui doit inculquer les valeurs de pardon et de partage de l’islam plutôt qu’installer une culture de peur et de contrainte.



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